Bonjour,
En cette période de confinement, face au coronavirus, de nombreuses personnes se retrouvent dans la détresse. Les enfants, les femmes et même parfois les hommes battus font parti des premières victimes de cette situation. J’ai reçu, ce matin, le témoignage d’une de ces personnes qui a tenu à garder son anonymat:
« Bonjour Fabrice,
Je suis une femme battue et tiens à témoigner de ma situation car les personnes victimes de violences conjugales, dans cette période de confinement, vivent un enfer (Une augmentation de plus de 30 % des signalements de violences conjugales en province et à Paris a été constatée en une semaine, selon la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa).
Le côté administratif pour les victimes de violences conjugales est d’une difficulté qui n’a pas de nom.
Mon cas est particulier car je suis une femme qui travaille. Suite à des violences physiques qu’il m’avait infligées, mon conjoint devait recevoir une injonction de ne s’approcher ni de moi ni de mon domicile durant 3 mois mais cela n’a pas pu se faire à cause du confinement. Durant cette période, je dois faire tout ce qu’il faut pour partir dans de bonnes conditions. Hélas, les rendez-vous que je dois prendre avec des assistantes sociales ou des personnels de la CAF sont annulés, reportés jusqu’à des dates indéfinies.
De plus, je n’ai pas d’ordinateur pour avoir les documents nécessaires à mon changement de situation.
Je suis rester chez moi et n’ai pas été placée dans un foyer où j’aurais pu sans doute tisser des liens avec des association qui auraient pu m’aider. Je suis seule chez moi avec peu de moyens… plus d’ordinateur, donc je ne peux pas imprimer les documents que je pourrais envoyer par courrier afin de faire mes changement de situation ( demande Apl, primes d’activité, etc..) tout cela m’est devenue impossible. Je n’ai plus rien et me demande si je dois prendre des risques en me déplaçant dans ma famille ou chez une amie.
Mon avocat comptait sur ses 3 mois pour accélérer ma séparation mais pour moi c’est l’angoisse totale car tout me semble flou.
J’ai porté plainte: mon conjoint devait passer en correctionnelle le … mars mais tout a été reporté à une date indéfinie. Voilà pourquoi il peut débarquer chez moi à n’importe quel moment!
Je ne peux voir personne et pourtant c’est maintenant que j’ai besoin d’être accompagnée administrativement! Mon moral est catastrophique et je n’ai le goût à rien. Je vis avec mes enfants, mon fils de … ans et ma fille de … ans que mon compagnon appelle tous les jours. J’ai très peur que mon conjoint débarque chez moi dans un état de grande colère. Je ne dors plus la nuit. J’ai subi ses violences pendant 20 ans et j’ai essayé a plusieurs reprises de partir. Aujourd’hui je sais que je ne dois pas lâcher et j’irai jusqu’au bout mais ce confinement m’empêche d’utiliser ses 3 mois d’injonction. J’ai terriblement peur que la fin du confinement approche et que mon conjoint revienne chez moi mais je me demande également ce qui m’attend si ce confinement continue…
Voilà je suis seule, je n’arrive pas a me concentrer pour aider mon fils pour ses devoirs. Ma tête est ailleurs! J’ai peur de l’avenir! Ma fille de … ans s’enferme dans sa chambre. Je pense qu’elle ne veut pas être prise à partie et le fait que son père l’appelle tous les jours fait qu’ elle n’est pas a l’aise avec son frère et moi.
L’ambiance est pesante et lourde… J’imagine que je suis loin d’être la seule à vivre cette situation et suis de tout coeur avec toutes les victimes de violences conjugales, encore plus, dans cette période de confinement! »
Nous espérons que ce témoignage que nous publions ainsi que les nombreux autres témoignages qui seront partagés sur les réseaux sociaux permettront de faire bouger les choses et de trouver des solutions pour les victimes de violences conjugales dans cette période de confinement.